Sans en prendre conscience au départ, ma manière de me reconnecter au vivant et à l’altérité, a commencé par ma découverte du monde végétal. Paradoxalement, se fut en confectionnant des bouquets de fleurs coupées lorsque j’étais fleuriste. C’est justement durant cette formation, que j’ai découvert la science rattachée à l’étude des plantes : la botanique.
Autant j’appréciais énormément apprendre à réaliser des bouquets de fleurs (ce qui était au cœur de mon métier), autant j’étais passionnée par l’aspect plutôt scientifique. Je me souviens prendre conscience à quel point le végétal était complexe, divers, infiniment grand et infiniment petit. Avant cela, je savais que c’était vivant, mais je n’avais pas réalisé à quel point ça l’était, et cela m’a fasciné.
Alors, oui, la botanique m’a autant passionnée qu’intimidé. Entre les noms latins et les termes scientifiques, on peut vite se sentir dépassé… C’est peut-être votre cas à vous aussi ? Et pourtant, si j’ai bien compris quelque chose que j’ai envie de vous partager aujourd’hui : c’est qu’il n’y a pas besoin d’être un expert pour entrer en relation avec les plantes ! Car à mon sens, la botanique est avant tout une expérience sensible, nous invitant à observer, à ressentir et surtout à s’émerveiller. Une manière de ralentir et de renouer avec le vivant.
L’étude des plantes peut être intimidant
Étudier les plantes peut donc être attirant et passionnant, tout comme cela peut être intimidant. À l’heure où la littérature végétale croît au sein de nos enseignes, sur les réseaux et sur internet, nous sommes vite tentés d’acheter un livre sur la botanique avec toute la motivation du monde puis… de vite le refermer et de le laisser prendre la poussière… (n’est-ce pas ? ;))
La botanique est un sujet complexe, compilant un grand nombre de termes scientifiques, de noms latins, de diversité et de similitudes de plantes. La motivation du départ peut alors rapidement s’étioler devant ce nouvel univers au langage particulier. Mais justement, je vous invite à le voir comme un nouveau langage à apprendre. Je suis pour ma part très loin d’être bilingue, mais, à mon rythme, j’apprends à parler le langage des fleurs…
L’apprentissage des plantes est peu ancré dans notre culture
Ce langage peut nous paraître très lointain. Et pour cause : quand nous sommes enfants, nous apprenons à reconnaître les animaux, leurs cris, leurs caractéristiques physiques et leurs habitats. De mon expérience, je n’ai jamais vu un jeune enfant avec un livre sur la reconnaissance des plantes. À ce propos, Serge D.Muller dans le n°146 de la Garance Voyageuse, s’est amusé à répertorier et à classifier 800 albums jeunesses : 65 % mettent en scène des animaux, 21% des humains, 9% des “autres” et 5% des végétaux et parmi ces 5%, 2% concernent des livres où plantes et animaux sont traités à égalité…

Trois bonnes raisons d’aller à la rencontre des plantes
PPeut-être avez-vous, vous aussi, envie d’apprendre à connaître les plantes ? Peut-être avez-vous déjà commencé, mais vous sentez-vous bloqué, avec l’impression de ne rien retenir ? Peut-être vous essoufflez-vous dans votre apprentissage, ressentant une certaine frustration ?
Je suis passée par là… Et c’est pour cette raison que j’ai envie de vous énumérer 3 bonnes raisons de commencer ou du continuez.
Les plantes nous invitent à ralentir
Je ne vous apprends rien si je vous dis que nous vivons à 1000 à l’heure, sur-connectés et sur-sollicités. En France, nous sommes 80 % de la population à vivre en zone urbaine. Y vivant moi-même, j’y expérimente : la vitesse, le stress, l’empressement…
Dans nos vies où nous ne prenons plus le temps de nous poser véritablement, de rêver et de contempler, les plantes sont là, ancrer, stables et à première vue immobile. Pour faire connaissance avec elles, il faut se poser et prendre le temps de l’observation ainsi que de la découverte. On peut toujours leur voler le portrait avec une photo (je l’ai fait bien des fois et je continue à le faire), mais on n’en tirera pas grand-chose. À travers l’écran, on ne peut distinguer leurs odeurs, leurs tout petits détails ni leurs mouvements sous le vent.
Pour anecdote, au début du mois d’Avril, l’arbre de ma résidence était enfin en fleurs. J’essayais de me rappeler son nom, mais rien n’y faisais, il ne me revenait pas. Je descendis de ma tour pour aller l’observer de plus près, et cette fois, sans portable. Ses fleurs me rappelèrent immédiatement une famille botanique sans que je me souvienne laquelle. L’envie me dévorait de le prendre en photo mais je décida d’accepter de ne pas avoir la réponse tout de suite. Deux semaines passa et en un éclair dans la rue, le nom de l’arbre me revint sans que je ne le cherche : L’Arbre de Judée ! Evidemment !

Une rencontre avec une plante nous invite à calmer le rythme et à être patient. Et quelle satisfaction quand nous recroisons et reconnaissons comme une vieille amie, la plante avec laquelle nous avons pris le temps de faire connaissance…
Les plantes nous lient au monde
Les plantes sont à la base de notre oxygène, de notre alimentation, de nos guérisons et de nos vêtements… Nous l’avons profondément oublié et pourtant, elles continuent de constituer cette base essentielle. Autant toxiques que salvatrices, elles nécessitent une grande humilité et une profonde attention. S’intéresser aux plantes, c’est donc s’intéresser à sa propre histoire et à l’histoire du monde. C’est également accepter de ne pas tout savoir. En entrant en relation avec les plantes, nous tirons des leçons sur notre peut aussi vie et sur qui nous sommes.
C’est une manière de faire une rencontre avec l’altérité, que nous avons tant mise de côté de nos jours. Ainsi, c’est une manière de remettre de la sensibilité sur d’autres êtres vivant que nous : d’être heureux.se quand elles s’épanouissent, triste quand on les abat, apaisée quand on les regarde.
En apprenant à connaître les plantes et leurs usages, on entre encore dans une autre sorte de relation, celle où les plantes deviennent des soutiens pour notre organisme et notre moral.
Les plantes sont sources d’inspirations et de créativité
Les plantes sont de grandes inspiratrices, de par leur diversité de formes, de couleurs, d’odeurs et de stratégies pour s’adapter et survivre. Elles ont cette chose poétique autant qu’essentielle. Film, peinture, mode, écriture, bijoux : elles sont partout et c’est bien pour une raison.
De plus, elle nous invite à sortir, à prendre l’air, à nous rendre dans des endroits de nature. En 2012, Ruth Atchley, de l’université du Kansas, a montré via un test destiné à mesurer la créativité, que celle-ci augmentait de 50% après quatre jours de randonnée dans les grands parcs américains.
Personnellement, elles sont une source d’inspiration pour le dessin. Je prends rarement le temps de dessiner, cependant, à chaque fois que je le fais, je me suis rendu compte que c’était pour dessiner des plantes.

Les plantes sont sources d’émerveillement, d’étonnement et de découverte. C’est une chose que je trouve importante à dire, car on peut vite être tenté d’emmagasiner le savoir, d’apprendre les noms, les familles et bien que ça fasse parti de la connaissance des plantes, personnellement, il est venu un moment où je me suis senti déconnecter de mon apprentissage et où je me suis poser la question : pourquoi est-ce que j’ai envie de connaître les plantes : est-ce pour accumuler des connaissances ou pour quelque chose de plus sensible, de plus intime, de plus fort ?
Qu’en pensez vous ? Qu’est-ce qui motive votre motivation à aller à la rencontre des plantes ?
Sources
- Observatoire des inégalités. (s.d.). La part de la population vivant en ville plafonne. Observatoire Société. https://www.observationsociete.fr/territoires/lieu-de-vie_terri/la-part-de-la-population-vivant-en-ville-plafonne/
- Le jardin alpin du Lautaret… (2024, juillet). La Garance Voyageuse, 146, 39‑44.
- Van Ingen, F. (2021). 101 façons de se reconnecter à la nature et au vivant. Les Arènes.
Photos
- Lorène Fernandez (L’Archipel d’Amarok) : Alchémille des alpes (Alchemilla alpina) . Rosacées
- Lorène Fernandez (L’Archipel d’Amarok) : Arbre de Judée (Cercis siliquastrum) . Magnoliopsida
- Lorène Fernandez (L’Archipel d’Amarok) : Grande Chélidoine (Chelidonium majus) . Papavéracées
Pour aller plus loin…
Tu souhaites étudier la botanique en ville mais tu ne sais pas comment t’y prendre ? J’y consacre un article : La botanique en ville : une exploration captivante de la flore urbaine
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